CARÊME ET MARDI-GRAS

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Carême et Mardi Gras

 

 

 

 

Carême

 

 

Le mot Carême provient de la contraction du mot latin Quadragesima (dies) « Quarantième jour » (avant Pâques). On appelle aussi le carême, la Sainte Quarantaine. .La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels il fut tenté par Satan, d’après les Évangiles synoptiques. Le carême est une période de pénitence, de jeûne et d’aumône qui dure pendant les 40 jours qui précèdent les Pâques. Il commence par le mercredi des Cendres et s’achève avec la semaine sainte et le dimanche de Pâques. Les dimanches n’étant pas jeûnés dans la religion catholique, le carême commence donc 46 jours avant Pâques (40 jours + 6 dimanches).

Durant les IIe et IIIe siècles, le carême est peu observé par les fidèles et la durée du jeûne n’est pas fixée par l’Église catholique. Certains croyants ne pratiquent alors qu’un jeûne de deux jours, durant la préparation de Pâques. Le philosophe chrétien saint Justin (Justin de Naplouse, ? † 165) écrit que les catéchumènes (candidats au baptême) « sont instruits à prier et à implorer de Dieu, en jeûnant, la rémission de tous péchés passés, tandis que nous prions et jeûnons avec eux ».

Vers 195, l’évêque de Lyon saint Irénée, inspiré de saint Justin, adressa au Pape Victor 1er (? † +199) une lettre indiquant qu’un jeûne obligatoire était observé par les chrétiens les vendredi et samedi saints, afin de commémorer le départ du Christ.

La pratique du carême remonte au IVe siècle.Le carême devient courant entre 300 et 325, et il s’architecture autour de la préparation au baptême des catéchumènes. On demande aux fidèles de faire preuve de solidarité et compassion en priant et en jeûnant. On trouve dans l’Histoire ecclésiastique (324) écrite par Eusèbe de Césarée (265 † 340) récit des nombreuses pratiques observées pour le jeûne de Pâques. Les jours qui ont précédé la pâque et la mort de Jésus, ni Jésus ni ses disciples n’ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui se sont rendus chez des gens, où ils ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort. — Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2. C’est durant le Concile de Laodicée (348? – 381?) que fut prescrite la xérophagie, c’est-à-dire l’usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.

Au VIIe siècle, le carême fut établi dans son calendrier actuel. À cette époque, le jeûne consistait à ne prendre qu’un repas quotidien en fin de journée et à s’abstenir de toute nourriture les jours du Vendredi et du Samedi saints.

Une justification de l’intérêt du carême est de considérer qu’il donnait aux populations de l’époque une bonne raison d’endurer les derniers mois de l’hiver, où les réserves en nourriture étaient au plus bas. La privation collective permettait d’atteindre le printemps sans passer par une famine.

Dans le rite latin, les trois dimanches précédant le carême — la Septuagésime, la Sexagésime et la Quinquagésime — étaient eux-mêmes inclus dans la préparation de Pâques. Cependant, les prescriptions de jeûne se relâchèrent très vite et, dès le XIIIe siècle, le repas de midi était autorisé et complété d’une collation le soir.

Selon les Églises, l’observation du Carême varie. Le carême du rite byzantin, plus communément appelé Grand Carême, est une période de jeûne et d’approfondissement de la foi . L’Église catholique demande aux fidèles de jeûner au minimum les jours du mercredi des Cendres et du Vendredi saint. Les Églises réformées n’imposent pas de pratiques de pénitence ou de jeûne, l’insistance porte durant cette période sur la prédication et la méditation.

Enfin, on notera que la période de Carême se déroulant avant le début du printemps, elle fut d’autant plus suivie que cette période correspondait à la fin des réserves consommée durant l’hiver par les paysans et que, de facto, les populations européennes avaient coutume de manger moins (faute de ressources suffisantes) et attendaient le retour du printemps, lequel signifiait le renouveau des cultures.

 

Mardi gras

 

Mardi gras est une période festive, qui marque la fin de la « semaine des sept jours gras » (autrefois appelés « jours charnels ». Le Mardi gras est suivi par le Mercredi des cendres et le carême, où les chrétiens sont invités à « manger maigre » en s’abstenant de viande.

Elle se situe donc juste avant la période de jeûne, c’est-à-dire — selon l’expression ancienne — avant le « carême-entrant », ou le « carême-prenant ». Les « sept jours gras » se terminent en apothéose par le Mardi gras, et sont l’occasion d’un défoulement collectif. L’esprit de jeûne et d’abstinence qui s’annonce est momentanément mis entre parenthèses avec le carnaval.

La date de Mardi gras est mobile par rapport au calendrier grégorien (calendrier usuel qui suit le mouvement du soleil et les saisons).

Elle est associée à la date de Pâques, située le premier dimanche qui suit la pleine lune après le 21 mars, toujours comprise entre le 22 mars et le 25 avril. Ainsi, le Mardi gras est toujours fixé entre le 3 février et le 9 mars ; soit juste avant la période de carême.

Les deux jours précédents étaient jadis appelés Dimanche gras et Lundi gras. Au XVIIIsiècle, le premier jour gras était le Jeudi gras .C’est de lui que parle la première description connue de la fête du Bœuf Gras à Paris, en 1739, et la lettre du maire de Paris, Jean Sylvain Bailly, au marquis de la Fayette, chef de la Garde Nationale parisienne en 1790. Dans cette lettre, où Bailly demande de faire respecter l’interdiction de la fête, est écrit : « Je ne peux m’empêcher de vous observer que c’est demain le jeudy gras. »

L’origine du Mardi Gras date du temps des Romains. La fête romaine s’intitulait les Calendes de mars. En effet, les romains célébraient le réveil de la nature par des rites agraires. A cette occasion, les interdits étaient transgressés et les déguisements autorisés. C’est l’origine lointaine.

En réalité, l’origine du Mardi gras est catholique. La fête du Mardi gras est une fête d’origine catholique qui précède le mercredi des Cendres. Le Mardi gras ouvre la période pascale, jusqu’à la fête de la Résurrection du Christ. .

Avec la Réforme protestante, qui a remis en cause le Carême, Mardi gras est surtout identifié aux pays catholiques et orthodoxes. Dans les pays anglo-saxons, certains protestants ont conservé un équivalent, sobrement intitulé «Shrove Tuesday»: Mardi de la confession, ou Mardi de l’absolution.

Aujourd’hui, on a gardé le meilleur (le carnaval) et on a oublié le pire (le carême).

 

Que mange t’on pendant Mardi Gras ?

 

Pour prévenir les gaspillages, les œufs en stock avant le Carême sont donc utilisés en abondance d’où l’habitude de « faire gras » avant de commencer le Carême qui prépare l’arrivée de Pâques. Cependant, chaque pays et région possède ses propres traditions culinaires à base de ces aliments riches qu’il faut « liquider ».

Avant l’austérité du Carême, ce jour permet la joie et l’abondance. Mardi est appelé «gras» en référence aux aliments considérés comme riches, dont on se prive pendant le Carême: viande, beurre, sucre… La coutume de manger des crêpes, des gaufres, des beignets, ou encore des pancakes dans les pays anglo-saxons, vient à l’origine de la nécessité d’épuiser les réserves d’œufs et de beurre qui ne seront pas utilisées durant le Carême

 

« Combat de Carnaval contre Carême » Tableau de Pierre Bruegel l’ancien

 

 

Mardi gras, populairement, est aussi le jour où les enfants se déguisent et/ou demandent aux voisins dans les villages des œufs, du sucre, de la farine, etc., pour confectionner des gâteaux ou des crêpes qui sont mangées en fin d’après-midi.

On confectionne des crêpes ou des beignets, dont la recette provenant des Sarrasins a été rapportée par les Croisés en France. Les bugnes sont de sortie ! Appelées « merveilles » dans le Sud-Ouest et en Charente, ces beignets tirent leur origine d’une spécialité culinaire du duché de Savoie. Celle-ci a fini par s’étendre dans la région de Lyon. Pour célébrer Mardi Gras, ces petits beignets sont devenus les rois de la fête. Dans la sixième édition du Supplément au Dictionnaire de l’Académie française (1835), les bugnes sont décrites ainsi : « Il se dit, dans quelques villes du midi de la France, d’une pâte faite avec de la farine, du lait et des œufs, que l’on roule en forme de boudin en l’entrelaçant, et que l’on fait frire à l’huile. » Des beignets un peu différents qui se dégustaient déjà dans la Rome antique au moment du carnaval (dites « chiacchiere » en italien).

Chaque région possède sa spécialité pour Mardi gras : on mange des Beugnons dans le Berry, des Fritelles en Corse, les Rondiaux à Orléans et des Tourtisseaux dans le Poitou. Dans le Sud, on penchera pour des Chichifregi du côté de Nice et de Marseille. Pour un voyage dans le temps, préférez les « oublies », autrefois appelées « obelios », qui désignent des gaufres dont l’origine remonte aux Grecs de l’Antiquité. À défaut, il reste la classique gaufre, née au XIIIe siècle de l’esprit d’un artisan inspiré par les alvéoles des ruches de miel.


La Chandeleur, fête des crêpes

 

Le nom de cette fête, Chandeleur, ou fête des chandelles, a une origine latine et païenne : la festa candelarum.

La Chandeleur est toujours fêtée dans les églises le 2 février même si l’on connaît surtout la Chandeleur en tant que jour des crêpes. La tradition attribue cette coutume au pape Gélase Ier qui faisait distribuer des crêpes aux pèlerins qui arrivaient à Rome mais on peut voir dans cette cérémonie la coutume des Vestales qui lors des Lupercales faisaient l’offrande de gâteaux préparés avec le blé de l’ancienne récolte pour que la suivante soit bonne. À l’occasion de la Chandeleur, toutes les bougies de la maison devraient être allumées. La tradition demande aussi de ne ranger la crèche de Noël qu’à partir de la Chandeleur, qui constitue la dernière fête du cycle de Noël.

 

 

 

Les crêpes avec leur forme ronde et leur couleur dorée rappelleraient le soleil, ce qui expliquerait que l’on confectionne des crêpes à la Chandeleur, , évoquant le retour du printemps après l’hiver sombre et froid, moment de l’année où les jours s’allongent de plus en plus vite. C’est également à cette époque de l’année que les semailles d’hiver commençaient. On se servait donc de la farine excédentaire pour confectionner ces crêpes, qui sont un symbole de prospérité pour l’année à venir.

Il existe encore de nos jours toute une symbolique liée à la confection des crêpes. Une tradition qui remonte à la fin du Ve siècle et liée à un rite de fécondité, consiste à faire sauter les crêpes de la main droite en tenant une pièce d’or dans la main gauche, (par exemple un louis d’or) ou à défaut une monnaie, afin de connaître la prospérité pendant toute l’année, il s’agit de faire en sorte que la crêpe atterrisse correctement dans la poêle. On dit aussi que la première crêpe confectionnée doit être gardée dans une armoire et qu’ainsi les prochaines récoltes seront abondantes. Il est parfois précisé qu’il s’agit du sommet d’une armoire et que la crêpe est alors réputée ne pas moisir et éloigner la misère et le dénuement.

 

Les festivités

 

Les festivités associées au carnaval précèdent, dans la tradition chrétienne, l’entrée dans le carême pendant lequel le chrétien mange « maigre ».

Le mot « carnaval » dérive du latin médiéval carne levare, signifiant « enlever, retirer la chair », c’est-à-dire concrètement supprimer sur la table durant toute la période du carême la viande ou, autrement dit, le « gras ».

C’est un temps de divertissement, de réjouissance qui répond au besoin d’oublier les soucis de la vie de tous les jours avant la période austère du Carême. Il distrait l’individu de ses préoccupations et de son existence bien réglée. C’est actuellement le sens du carnaval. C’est le symbole même de la fête populaire.

En 1094, la fête était déjà mentionnée dans une charte du doge Faliero à Venise, et en 1269, le Sénat prescrivait que l’on considère la veille du Carême comme un jour de fête.

C’est dans les communes indépendantes d’Italie que serait né le carnaval tel qu’on le connaît aujourd’hui. Notamment à Venise : dès le XIe siècle, la période précédent le Carême donne lieu à des célébrations encouragées par les autorités, qui y voient une occasion de renforcer l’esprit civique. Les masques apparaissent au XIIIe siècle : ils renforcent l’anonymat et permettent les outrances. Les rôles sociaux sont inversés, les jeux et amusements renforcent l’animation des quartiers. La tradition italienne essaime, notamment en Europe médiane (Suisse, Allemagne de l’Ouest, Belgique, nord de la France) puis aux Amériques. Aujourd’hui, tous les déguisements sont permis. Parmi les plus fréquents, ceux issus de la Commedia dell’arte, un genre de théâtre populaire italien apparu à l’époque moderne. Arlequin, bon vivant, porte un costume rapiécé de multiples couleurs, le vieil obsédé Pantalon se balade lui avec des bas moulants, affirmant sa virilité. Quand au grossier Polichinelle, il se distingue par son ventre proéminent et sa voix de fausset… Ces costumes, conçus au XVIe siècle, permettaient aux personnages d’être immédiatement reconnaissables pour le public, peu importe la troupe de théâtre ou le lieu de représentation… A cette période de l’année et en mémoire de cette tradition, les magasins proposant des costumes sont pris d’assaut.

 

 

Il y a des carnavals un peu partout en France, à Cholet, Nantes, à Scaër dans le Finistère, à Cherbourg, à Mulhouse, à Chalon sur Saône, à Albi, à Limoux dans l’Aude. Et dans les écoles de France, c’est aussi l’occasion de faire la fête !

Celui de Nice est célèbre pour ses batailles de fleurs, ses grosses têtes en carton pâte et ses chars fleuris qui défilent avec des fanfares.

Celui de Dunkerque est original avec ses parapluies multicolores très fantaisistes, ses bandes qui défilent dans les rues derrière la musique et ses bals ; les dimanche, lundi et mardi gras sont baptisés « les trois joyeuses ». Organisés par groupe, ils avancent au rythme de la musique dans les rues de la ville Pendant ces journées, les « Bandes » (orchestres) et Géants s’ébrouent dans les rues tandis que l’on jette des harengs depuis le balcon de l’Hôtel de Ville où un lancer de harengs fumés est effectué par le maire et son conseil municipal.

 

 

 

 

Le carnaval dans le monde

 

  • À Berlin, les habitants ne défileront qu’en mai à l’occasion du festival des cultures qui prend place dans le quartier multiethnique du Kreuzberg.
  • À Cologne, le carnaval de la ville est l’un des plus connus d’Europe. Sa parade de chars réunit jusqu’à plus d’un million de personnes. Le jour de Mardi gras, des parades s’ébranlent dans les différents quartiers, tandis que des humoristes raillent les politiciens sous les tentes à bière. On brûle aussi un homme de paille.
  • Le carnaval de Venise est un rassemblement qui est rentré dans les institutions à partir de la Renaissance. Il est principalement connu pour ses costumes et ses masques inspirés de la Commedia dell’arte. Le carnaval ramène tous les ans un très grand nombre de touristes dans la ville.
  • Inspirée par les fêtes à l’honneur du dieu Dionysos à l’époque antique, la tradition grecque veut que l’on fête l’Apokries, une période de faste où l’on se déguise, l’on boit et l’on danse. Dans le pays, le carnaval de Patras est sans doute le plus connu et voit défiler de nombreux enfants chaque année.
  • La ville de Binche accueille le carnaval le plus connu de Belgique. Reconnu chef d’oeuvre oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO, le défilé voit des personnages comme Arlequin ou Pierrot déambuler au sein des cortèges.
  • A La Nouvelle-Orléans, Mardi gras est l’occasion de défiler de 8 heures du matin à minuit. Parades déguisées, jets de colliers de perles multicolores lancés à la volée depuis les chars allégoriques et fanfares animent la ville autrefois française.
  • A Rio de Janeiro, on envahit les rues en dansant des samba endiablées, habillé de paillettes et de plumes, pendant des jours et des nuits. 
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« Les Gilles »

 

Un document sur le Carnaval de Nice extrait de « La France pittoresque

Carnaval de Nice (Alpes-Maritimes)

 

(D’après « Aux pays d’azur », paru en 1902)

 

Le Carnaval de Nice existe depuis un temps immémorial : au Moyen Age, même au sein des circonstances les plus tragiques, il n’a pu calmer sa joie cascadeuse et frivole…

En 1578, le duc Emmanuel Philibert vint passer à Nice les fêtes du Carnaval avec son fils, le prince de Piémont. A cette occasion Honoré Grimaldi, seigneur de Monaco, désirant présenter ses deux fils au jeune prince, les envoya auprès de lui pour ces fêtes, qui, dit Toselli, furent portées, cette année, par la population niçoise, à un degré tel qu’il serait difficile d’en donner une description.

 

 

 

 

En 1821, la cour de Sardaigne se rendit à Nice au commencement de la saison et ne put retourner à Turin, à cause du mauvais état des routes couvertes de neige et défoncées en maints endroits. Le roi dut rester avec toute sa suite de seigneurs et pour le distraire, les Niçois eurent l’idée d’organiser un Corso de gala, qui fut le prologue des fêtes actuelles. Une trentaine de voitures figurèrent à la fête qui fut limitée, dit Ch. Limouzin, entre la Poissonnerie et l’endroit où se trouve maintenant la Halle du Cours. Les projectiles se composaient uniquement de fleurs et de petits sacs de bonbons véritables, nommés coriandoli, auxquels on mêla plus tard des oranges et des cigares. Chaque année, les fêtes recommencèrent, à la même époque, avec le même brio endiablé et, peu à peu, prirent une plus grande extension.

En 1848, la Révolution française et la guerre engagée avec l’Autriche mirent une fatale sourdine à la retentissante allégresse de ces solennités bruyantes, pour lesquelles se passionnait tout un peuple

Pendant quelques années, Messire Carnaval ne fut qu’un pâle reflet des splendeurs initiales et ne put s’esbaudir qu’entouré des précautions soupçonneuses de la police, qui forçait chaque habitant à exhiber son masque et à demander une autorisation, immédiatement refusée si l’on n’était pas bien noté. Le nombre des voitures diminua, ainsi que leur luxe d’ornementation ; les armes carnavalesques perdirent de leur galanterie première, et l’on abandonna les bonbons pour avoir recours à des imitations, dont les principales furent des pois chiches recouverts d’une couche de sucre et passés en couleur. Puis, les pois chiches furent pastichés, à leur tour, et l’on lança des confetti, des faguioli, des ciceri, des boulettes en pâte cassante, de diverses teintes, et l’on alla jusqu’à se bombarder avec des œufs vidés et remplis de poussière noire, rouge ou bleue.

En 1856, les fêtes furent particulièrement réussies, grâce à la présence de l’Impératrice douairière de Russie, mère du Czar Alexandre II. La guerre de 1870 influa considérablement sur le Carnaval, qui pendant deux ou trois ans, ne donna que de faibles signes de vie. En 1873, Staéone, ancien conseiller de préfecture, se met à la tête d’un groupe d’amis et prend l’initiative, chaleureusement accueillie, d’une réorganisation générale des fêtes carnavalesques. Avec l’appui de la colonie étrangère, un comité fut vite formé, l’argent nécessaire aux prix, qui ne consistèrent, cette année, qu’en bouteilles de champagne, afflua de toutes parts et l’organisation des chars, groupes, et mascarades fut poussée avec frénésie.

Le Carnaval fut éblouissant et l’on parle encore des grands chars, le Soleil de Nice, la Marmite du Diable et des quatre cavalcades, les Carabiniers, les Brigands, les Mousquetaires et les Templiers, que formèrent les membres du Comité.

L’année suivante, les prix en argent furent institués ; les plus élevés étaient de 1000 à 1500 francs. Jusqu’en 1889, époque de la formation du Comité des fêtes tel qu’il apparaît au début du XIXe siècle, Staéone dirigea les fêtes du Carnaval avec le Comité, dans lequel figurèrent, successivement, le comte d’Aspremont, le duc de Castries, le vicomte Vigier et le comte de Cessoles. Il y eut, à cette époque, de forts beaux chars, et les annales carnavalesques conservent le souvenir de ceux de la Paix, des Chauves-Souris, du Chou, de la Cuisine renversée, du Rizotto, des Marionnettes, de la Grenade, de la Corbeille et des Grenouilles. Le signal des fêtes, qui ont lieu pendant les huit jours qui précèdent le Carême, est donné par l’entrée triomphale à Nice du bonhomme Carnaval, décoré du titre de Majesté, accompagné de toute sa suite, et que l’on installe pompeusement dans son palais de la place Masséna. Voici quels sont les derniers avatars subis par cette Majesté qui jouit de règnes courts, mais sans opposition, parlementaire ou autre. En 1882, elle arriva en jockey ; en 1883, en Paysan en goguette ; en 1884, en Guignol monté sur un chimère ; en 1885, en Polichinelle sur une bouteille de champagne ; en 1889, en Matelot sur un navire, en 1890 ; en Jockey sur un tricycle ; en 1891, en Bacchus sur un tonneau ; en 1892, en Rajah sur un éléphant ; en 1893, en Paysan niçois accompagné de sa femme ; en 1894, en Triboulet sur une grosse caisse ; en 1895, en Chinois ; en 1896, en Toréador ; et en 1897, en Paysan sur un dindon.

Sitôt Sa Majesté installée, commencent les défilés de tous les chars et mascarades, le grand Corso de gala, les Vegliones, Redoutes, Kermesses, Batailles de Fleurs et de Confettis. L’Avenue de la Gare flamboie, étincelle, fulgure, d’un bout à l’autre, d’un incendie de feux, ballons, quinquets et lampions, à rendre aveugle l’innombrable foule qui s’entasse de tous côtés.

Des fanfares éclatent, de tous côtés dans la masse sautante des masques dansants ; le tumulte et la joie sont à leur comble ; les confettis et les serpentins s’éparpillent et s’enroulent de toutes parts, tandis qu’en les deux journées spéciales, les confettis de plâtre rebondissent comme la grêle, durs et crépitants, lancés par les petites pelles à manche flexible, et leur mitraille offensive force chacun d’être masqué aussi hermétiquement que possible, au risque de se faire aveugler. La bataille, annoncée par des coups de canon et circonscrite à certains quartiers s’engage, furieuse et endiablée. Chaque maison est une citadelle, et chaque balcon a ses combattants et son artillerie. Sur deux rangs, le long des estrades, les équipages défilent et de chacun d’eux partent les fusillades fleuries.

Toutes les formes de voiture revêtent toutes les formes du bouquet ; ce sont, passant dans une nuée aux senteurs capiteuses, des paniers Louis XV, tendus de satin blanc et ornés de rubans et de roses, des breacks revêtus de mimosas et de jonquilles, des victorias enguirlandés de muguets et de violettes, des calèches toutes couvertes de camélias et de pensées, des landaus et des mailcoatch disparaissant sous des dômes fleuris, des charrettes épinglées de tubéreuses et cent nids roulants, décorés de motifs où l’ingéniosité le dispute à la magnificence, pendant que, sur les flancs des chevaux, les caparaçons des fleurs mettent leur caresse de fraîcheur.

Et sur tout cela, les rires perlés, les gaies clameurs qui s’égrènent de tous côtés, comme un essaim d’oiseaux gris de soleil, au-dessus des mélodies dansantes des musiques de fête. Impossible de rêver apothéose plus passionnante, que le retour et le long défilé des voitures, avec les bannières roses et fanfreluchées, claquant et livrant au vent leurs plis de soie, dans les pourpres du couchant, qui ont l’air, elles aussi, de bannières de gloire éployées aux confins du ciel, cependant que la mer, délicieusement mauve, s’assombrit, peu à peu, sous la coupole de bronze de femmes, elles aussi, mollement balancées dans les voitures berceuses, sont de grandes fleurs vivantes, dont les toilettes exquises continuent les gammes multicolores des jardins.

Le soir, dans tous les établissements de plaisir, les vegliones, ou bals masqués, et les redoutes, dans lesquelles, généralement, tous les costumes doivent être aux couleurs officielles décrétées par le Comité.

Le jour du Mardi-Gras, après le dernier grand Corso et la bataille des confettis, la fête est transportée sur les estrades de la place de la Préfecture, où tout le monde est muni des moccoletti, cierges minuscules que l’on doit chercher à éteindre, derniers vestiges des torches orgiaques des fêtes païennes de Dyonysios. Puis Sa Majesté Carnaval subit, en effigie, le sort de Sardanapale, s’effondre dans un bûcher autour duquel les masques forment une ronde effrénée et sa flambante agonie s’agrémente d’un superbe feu d’artifice et d’un cortège aux flambeaux qu’accompagnent toutes les musiques.

Et ainsi finit cette éblouissante période voluptueuse pendant laquelle, comme dit Théophile Gautier :

De paillettes tout étoilé
Scintille, fourmille et babille
Le Carnaval bariolé.

 

 

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mardi_gras

www.lexilogos.com

http://boitedependore.com/calendrier/mardigras.htm

http://www.linternaute.com/actualite/societe/

http://icalendrier.fr/religion/fetes-catholiques/mardi-gras/

http://www.terrafemina.com/

 

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