Jaujac et l’éco-musée de Chirols

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JAUJAC ET L’ECO-MUSEE DE CHIROLS


Sortie annuelle du 24 juin 2018

 

 

Jaujac

 

Cette année, Jean Louis nous avait concocté une ballade à Jaujac (Ardèche) et à l’écomusée de Chirols.

Après le rendez-vous coutumier, nous partons vers Jaujac pour une visite du village le matin et un rendez-vous avec deux artisans, un maître-graveur et une tapissière Haute Lice. Après le pique-nique, l’après-midi est consacré à la visite de l’écho-musée du moulinage de Chirols.

Arrivée à Jaujac où nous avons la surprise d’un accueil inattendu. En réalité, il s’agissait du passage de la course de «  l’ Ardéchoise ». Nous nous acheminons directement vers l’atelier du maître graveur Daniel Van Cutsem où nous sommes reçus avec gentillesse.

 

Daniel Van Cutsem

 

Avec son épouse Elisabeth Roux qui réalise des tapisseries Haute Lice, Daniel Van Cutsem ont créé un atelier nommé « Atelier Passions croisées ». Ils partagent l’espace entre les métiers à tisser Haute Lice, la presse taille-douce Artley, la presse typographique Heidelberg et les tables à dessins. Ils accueillent des visiteurs sur rendez-vous pour faire connaître leur travail-passion, proposer des stages et expliquer leurs techniques dans le but de pérenniser ces techniques ancestrales.

Depuis sa retraite, après une carrière chez Siemens comme informaticien, son activité principale se résume dans sa passion d’artisan créateur à artiste et dans le respect des traditions, dessinateur, graveur en taille-douce, imprimeur typographe.

C’est grâce à la gentillesse du graveur Daniel Van Cutsem que les membres de l’association du Musée ont pu pénétrer dans ce lieu plein de charme et de personnalité qu’est l’atelier de Daniel, atelier tapissé d’affiches où l’odeur de la térébenthine côtoie celle du cuivre et de l’encre, où la musique a un rôle essentiel à jouer.

Des nuages de pinces à linge agrémentent le plafond de son atelier. C’est là que Daniel Van Cutsem fait sécher ses travaux à l’encre taille-douce. Des pots de couleurs aux noms évocateurs de rouge de Venise, terre d’Ombrie, bitume de Judée ou orange de molybdène nous entraînent dans les jardins de l’estampe.

Pour ce maître graveur le temps ne compte plus. Penché sur une plaque de cuivre de 10 cm sur 30 cm, il griffe le métal avec une pointe sèche (en l’occurrence une ancien porte-mine Critérium équipé d’une aiguille de gramophone). Il la garnit de petits traits minuscules.

Avec beaucoup de précision et infiniment de patience, il nous a expliqué la technique de la gravure sur cuivre nécessaire à la réalisation d’une estampe. Travail tout en finesse et en précision, base de l’eau-forte, de la gravure. Il travaille à l’ancienne, réalisant lui-même toutes les phases de l’impression.

Dans ce procédé de gravure en taille-douce, le motif est gravé en creux et l’encre va au fond des entailles.

La plaque de cuivre, plus résistante aux nombreuses impressions, est recouverte sur la face qui sera gravée, d’un vernis à graver résistant à la solution utilisée pour entamer.

Daniel Van Cutsem exécute sa gravure à l’aide de différents outils, avec lesquels il retire le vernis aux endroits qui contiendront l’encre lors de l’impression. Le vernis doit être retiré en fines striures afin d’éviter des zones sans vernis qui ne pourraient pas retenir efficacement l’encre, lors de l’encrage de la plaque.

La plaque est ensuite plongée dans la solution acide, de façon à creuser les zones dégagées. Le bain utilisé est plus ou moins dilué et le temps de morsure plus ou moins long, selon la profondeur de taille que l’on veut obtenir.

Le vernis est ensuite retiré avec un solvant et la plaque encrée. L’encre (de sa fabrication) doit être étalée avec application sur l’ensemble de la plaque, et bien pénétrer dans les fentes. L’excès d’encre est soigneusement retiré en frottant délicatement et parallèlement à la plaque avec de la tarlatane, afin de laisser de l’encre dans les entailles, mais de dégager celle présente sur les surfaces planes, non creusées, de la plaque. A ce sujet, comme il utilise beaucoup de ce tissu destiné à la confection des tutus, la marchande se demandait pourquoi il en achetait une telle quantité ! La plaque est recouverte d’une feuille de papier-velin préalablement humidifiée, recouverte de feutres et passée sous presse. Les rouleaux de la presse à taille-douce vont appuyer fermement (plusieurs tonnes!) sur la feuille et permettre ainsi le transfert de l’encre. Le résultat final est inversé par rapport à l’image gravée sur la plaque.

La plaque peut être également retravaillée à la pointe sèche afin d’améliorer le dessin. La gravure qu’il était en train d’exécuter a nécessité neuf étapes de finition avant qu’il ne soit satisfait du résultat obtenu.

Combien de temps faut-il pour réaliser une eaux-forte ? Le temps ne peut pas compter. Une semaine, un mois voire un an… Sans cesse , il retouche son projet, un trait par-ci pour souligner une ombre, un autre par-là pour approfondir un creux, un détail à ajouter… A la dernière phase du travail, quand le papier-velin sort de la presse, c’est l’émotion de la naissance.  « Enfin, je sais si mon œuvre est réussie  » nous confie-t’il.

Et dans le regard de l’artiste passe le ravissement du créateur contemplant son chef-d’œuvre.

Il nous a impressionné par son souci de perfection et par le grands amour avec lequel il crée des œuvres d’une minutie extrême.

 



Les œuvres présentées sont des dessins faits à la plume et aquarellés. Ils représentent les plus beaux sites de Jaujac, mais certains pourraient se situer en n’importe quel lieu de l’Ardèche. Ces dessins sont imprimés sur papier levé à la cuve , une méthode artisanale de fabrication de papier qu’il utilise de temps en temps. Ils sont aussi déclinés sur des cartes postales. Il est à noter que tous ces travaux sont réalisés sur une presse typographique qui est installée dans son atelier à Jaujac où il travaille avec un égal talent la gravure en taille-douce.  A partir d’un dessin qu’il fait, il réalise une gravure à l’eau forte, 45 exemplaires qu’il imprime et numérote, sans dépasser ce nombre, la plaque gravée n’étant plus aussi précise après avoir supportée une pression de cinq tonnes.

 

 

L’atelier

 

 

 

 

 

Quelques œuvres de Daniel Van Cutsem

 

 

 

 

 

 

Originaire d’Ardèche, aux portes des Cévennes, Elisabeth Roux a toujours été sensibilisée par la fibre textile. Elle tisse beaucoup durant l’automne et l’hiver qui dévoilent le kaléidoscope des tâches de couleur. Après avoir tissé des champs de lavandes, de colza, de bruyères en été, elle s’inspire d’œuvres plus abstraites de photographes et de sculpteurs.

 

 

 

 

En fin de visite de cet atelier, les propriétaires nous offre aimablement un rafraîchissement sous les ombrages de leur jardin en remerciement de notre venue.

En quittant cet endroit magnifique, nous parcourons les rues du village à la recherche de quelques subsistances complémentaires. Maintenant équipés, nous traversons le pont de Chastelas et longeons ensuite le ruisseau de Lignon, découvrant de très belles vues. En continuant notre progression nous arrivons à une micro-centrale de 132 KW alimenté par un canal de dérivation du Lignon. Après avoir parcouru un chemin caillouteux sous les ombrages, le long de coulées basaltiques au pied desquelles surgissent des sources, nous découvrons une jolie plage de graviers sur un coude du ruisseau, une halte réparatrice s’imposant, les plus téméraires prospectent les environs et, à quelques pas, se trouve un très beau pont romain enjambant un ruisseau, des séances photographiques s’imposent.

Après cette courte pause, nous revenons vers le village pour pique-niquer, la faim se fait sentir. Ensuite du pique-nique « garni », quelques-uns décident d’aller rendre visite à la source ferrugineuse du Peschier située à quelques distances de là. Par un chemin pentu, on traverse le Domaine de Rochemure où se trouve la Maison du Parc des Monts d’Ardèche, pour atteindre la source qui jaillit dans un local agrémenté d’une fresque représentant la famille de l’ancien propriétaire. Jean Louis et Gérard se désaltèrent de cette eau et font le plein de bouteilles.

Retour au parking et départ vers l’écomusée de Chirols.

 

Le vieux Jaujac

 

Le pont du Chastelas

 

Vieilles rues

 

 

 

 

 

 

L’Ecomusée de Chirols

 

Entrée du musée

 

Niché dans une vallée attrayante, l’écomusée est installé, au fond d’un parc aménagé le long de la Fontaulière. Le guide de l’écomusée, Yves Morel, nous reçoit dans les salles réaménagées en 2007, et retrace l’épopée du fil de soie. Un parcours scénographique présente les savoir-faire du moulinage.

Le moulinage Plantevin (un des plus importants de France dans les années 20) a subi des restructurations importantes au début des années 80. Même s’il n’a cessé son activité qu’en 2005, une partie des locaux s’était libérée bien avant et la partie la plus ancienne de l’usine mise à disposition de la commune.

Le bâtiment est une ancienne usine de filage de soie. La partie la plus ancienne date de 1820. Le site a été agrandi de 8 fois sa surface initiale et remanié sans interruption depuis cette date.

A cette époque des historiens et des passionnés de textile souhaitaient créer un lieu permettant de recevoir machines et documents ayant trait au moulinage car ils se rendaient compte que, nombre d’usines cessant leur activité, tout le patrimoine lié au moulinage allait très vite disparaître et certainement être oublié. C’est ainsi qu’est né l’écomusée du moulinage.

Ici, mémoires ouvrière et patronale se côtoient. Si l’aspect social est particulièrement mis en valeur (travail des enfants et jeunes filles). C’est tout un environnement architectural et paysager qui ne laisse pas indifférent.

 

 

 

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