LA COMPOSITION TYPOGRAPHIQUE

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La composition typographique

 

 

 

 

Vers 1440 en Allemagne, Gutenberg inventa les procédés permettant l’impression à partir de caractères mobiles. Avant, les moines copistes produisaient des manuscrits, c’est-à-dire des textes écrits à la main. (En Asie cependant était déjà apparue la xylographie*.)

La typographie désigne les techniques de composition et d’impression à partir de caractères en relief (à l’origine mobiles). La composition du texte consistait à assembler sur la forme imprimante * les lignes de caractères préalablement justifiées à la taille de la page. Aujourd’hui la composition typographique a été remplacée par la photocomposition puis la PAO, mais elle fut le procédé de composition utilisé par la presse et l’édition jusque dans les années 60 -70.

 

1. La composition manuelle du texte :

 

  • Elle nécessitait la fabrication des caractères : le poinçon (lettre en relief et à l’envers) obtenu à partir d’un alliage (étain, antimoine, plomb) en fusion coulé dans une matrice (la lettre en creux, à l’endroit).
  • Les caractères étaient rangés dans une casse (sorte de coffre en bois). À l’époque de Gutenberg, on comptait seulement 22 lettres (capitales, bas de casses [minuscules] et lettres accentuées), auxquelles s’ajoutaient les chiffres, la ponctuation et les espaces mesurables en points dido (la mesure de base de la typographie). Dans la casse, les voyelles étaient au milieu, car elles étaient les plus utilisées.

 

La casse

 

 

 

Les cassetins où sont rangés les caractères

 

  • Les compositeurs typographes (seuls ouvriers intellectuels de l’époque) alignaient les caractères dans le composteur, à la vitesse de 1000 signes à l’heure. Ils s’aidaient d’une pince pour ôter une coquille (poinçon tombé dans la casse du dessous). Les lignes étaient empilées sur la galée. Ils ficelaient ensuite les lignes pour en faire une épreuve qui était vérifiée par l’imprimeur. Après l’impression, les caractères retournaient dans la casse.

 

La galée où sont empilées les lignes du composteur

 

2. La composition mécanique du texte :

 

Au XIXe siècle, avec le développement de la presse, des machines à composer mécaniques virent le jour :

  • La Linotype (line of type) inventée en 1884 en Allemagne permettait la composition, la fonte de la lettre et sa distribution. Un clavier appelait les matrices (et non les poinçons) qui descendaient dans un assembleur. La ligne de matrices était libérée dans un moule rempli de métal. Une ligne de caractères en relief d’un seul bloc était ainsi créée, la ligne-bloc, qui venait se ranger sur une galée. Les matrices retrouvaient ensuite leur place dans les glissières.

 

 

La linotype

 

  • La Ludlow : inventée aux États-Unis en 1911, elle nécessitait un assemblage à la main des matrices, disposées devant la fondeuse qui coulait la ligne-bloc pour les titres. Elle fut très employée dans la presse. Il s’agissait donc de typographie semi-automatisée.

 

 

La Ludlow

 

  • La Monotype : Inventée en 1887 aux États-Unis, elle permettait la composition de 12 000 signes à l’heure, elle fut davantage employée pour l’édition que pour la presse. Elle était composée de deux machines : le texte était d’abord saisi sur un clavier qui perforait une bobine de papier, puis une fondeuse déchiffrait la bobine par un passage d’air comprimé dans les trous commandant le déplacement du châssis porte-matrices. Un injecteur envoyait l’alliage dans le moule de la matrice. Les caractères mobiles fondus étaient rangés dans un composteur et chaque ligne envoyée sur une galée. 

 

Clavier de la monotype

 

bobine de papier de la monotype

 

 

Fondeuse de la monotype

 

 

Les techniques d’impression anciennes

 

 

Une fois le texte composé, restait donc à l’imprimer. Trois techniques d’impression traditionnelles sont présentées au musée : l’impression typographique (en relief), la gravure (en creux) et la lithographie (à plat). Les technologies actuelles de l’offset et de l’héliogravure sont héritières respectivement de la lithographie et de la taille douce.

 

1. Les Presses à imprimer 

 

  • La Presse manuelle/à bras : La première, en bois, fut inventée par Gutenberg. La forme imprimante, fixée sur une plateforme en bois, était recouverte d’une encre en pâte, à base d’huile de lin et de suie, appliquée avec des balles recouvertes de peaux de chiens. La presse ressemblait à un pressoir dont la vis descendait au-dessus d’un plateau (appelé platine). Le tirage de la barre appliquait un coup de pression nécessaire au marquage de la page. 200 à 300 feuilles étaient ainsi imprimées par jour.

 

 

Presse à bras / manuelle

 

 

Forme imprimante en bois

 

 

Balles d’encrage

 

Frisquette placée entre la feuille et la forme imprimante

 

Encrage de la forme imprimante

 

Rouleau encreur

 

 

  • La Presse à platine : La presse à platine à pédale fut inventée en 1857 et permettait l’impression de 800 exemplaires à l’heure, puis on y ajouta un moteur vers 1900 qui permit d’augmenter la cadence  à 3500 feuilles à l’heure. La forme imprimante était placée sur un marbre vertical et immobile et les feuilles sur une platine qui descendait sur la forme au préalable encrée par des rouleaux.

 

 

 

 

 

 

Presse à platine

 

 

 

  • La Presse à cylindre : la platine avait été remplacée par un cylindre permettant l’impression de grands formats (affiches). La forme imprimante sur laquelle reposait la composition était plane et animée d’un mouvement de va-et-vient. À son contact, un gros cylindre sur lequel était placée la feuille se mettait à rouler.

 

Presse à cylindre

 

Travail d’imposition consistant en la répartition des pages sur la feuille

 

 

2. La Lithographie

 

Le terme lithographie vient du grec « lithos » (pierre) et « graphein » (écriture). Le musée dispose d’un espace pour la démonstration et d’un espace pour la production. Deux métiers étaient liés à cette technique, celui de dessinateur reporteur lithographe, qui travaillait sans toucher la pierre et celui de l’imprimeur lithographe, chargé de fixer le dessin. La technique d’impression est basée sur la répulsion entre l’eau et le gras de l’encre.

  • Un dessin est fait sur une pierre lithographique (c’est-à-dire calcaire) avec un crayon gras (ou à l’encre grasse).

 

 

dessin de la pierre lithographique

 

 

  • Une solution acide (gomme arabique et acide nitrique) est appliquée sur la pierre (la pierre ainsi gommée est protégée, elle peut être touchée).
  • Puis la gomme arabique est enlevée à l’eau, elle n’a pas adhéré au dessin réalisé au crayon.
  • L’encre est appliquée au rouleau encreur sur toute la pierre : là où il n’y a pas de dessin au crayon gras, l’encre (qui est grasse) est refusée, chassée par l’eau précédemment appliquée. Elle ne demeure que là où le gras du crayon l’a retenue.
  • Puis une feuille est appliquée dessus et la presse activée. Il faut réencrer la pierre à chaque passage.

 

 

Pierre lithographique sur la presse

 

 

Collection de pierres lithographiques

 

 

Presse lithographique

 

 

 

Passage du rateau sur la feuille posée sur la pierre

 

 

Une lithographie est une œuvre originale tirée à un nombre limité d’exemplaires, signée et numérotée. C’est pourquoi les imprimeurs effectuent un grainage de la pierre dont l’action abrasive efface le dessin.

 

3. La Gravure

 

L’imprimeur fait une démonstration d’impression avec la technique de la taille douce, inventée à Florence en 1452. La taille douce recouvre tous les procédés de gravure en creux sur métal (opposée à la taille d’épargne où les parties non imprimantes sont vidées et où le relief imprime). Elle consiste en la gravure d’une plaque de cuivre au burin ou à la pointe sèche. Une autre technique, l’eau-forte, consiste à graver une plaque recouverte de vernis, ensuite plongée dans un bain d’acide qui creuse le cuivre mis à nu. Ensuite, la plaque est encrée et essuyée pour que ne reste de l’encre que dans les parties taillées. Le papier humidifié est placé sous une presse à cylindre qui l’imprime en creux.

 

 

Plaque de cuivre gravée et encrée

 

 

Encrage de la plaque

 

Impression en taille douce après passage de la presse

 

Héliogravure

 

Typothèque renfermant une collection de police de caractères

 

 

Lexique

 

Forme imprimante : plaque d’impression sur laquelle est composé le texte.

Photogravure : ensemble des techniques permettant la réalisation des éléments nécessaires à l’obtention de la forme imprimante : documents scannés (PAO), copie des couleurs sur la forme imprimante pour l’offset ou gravure pour l’héliogravure.

Photocomposition : composition par la photographie des caractères.

PAO : Publication assistée par ordinateur, désigne l’ensemble des procédés informatiques permettant la fabrication de documents imprimables.

Offset : amélioration de la technique de la lithographie : plaque cintrable, adaptée à un cylindre, et ajout d’un blanchet entre le cylindre porte-plaque et le papier.

Héliogravure : impression en creux par encrage d’un cylindre gravé mécaniquement. Technique utilisée pour les grands tirages.

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