La scourtinerie de Nyons et le Musée de la soie à Taulignan

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LA SCOURTINERIE ET LE MUSEE DE LA SOIE

 

Sortie annuelle du 14 juin 2017

 

 

Ce n’est pas une erreur, c’est le thème de la sortie !

 

 

Comme à l’accoutumée, nous avions rendez-vous à 8h00 Place du Champ de Mars à Crest. Nous étions 14 à vouloir profiter de cette sortie par une chaude journée ensoleillée. Le but de notre sortie annuelle était la visite, le matin, de la Scourtinerie à Nyons et l’après-midi, visite du Musée de la Soie à Taulignan, agrémentée d’une surprise annoncée par Jean Louis.

8h15 : départ de Crest en direction de Bourdeaux, car nous devions prendre au passage Marylin. Effectivement , elle nous attendait avec chaise et table de pique-nique. Direction Nyons par le défilé de Trente Pas ( nom du ruisseau affluent du Bentrix).

 

 

Le défilé de Trente Pas

 

La scourtinerie

 

Nous arrivons à Nyons devant la Scourtinerie sous les frais ombrages de vieux platanes, où nous accueille Madame Fert qui va nous servir de guide. Sur la place, un splendide arbre de Judée, des platanes centenaires, des treilles où sèchent les écheveaux de corde de coco colorés donnent un aspect chaleureux aux lieux.

Tout d’abord, visite libre du petit musée dédié à la fabrication des scourtins (ou escourtins) et de l’huile d’olive dans la région nyonsaise. Inauguré en 2013, le tout nouveau musée de la Scourtinerie raconte une saga familiale, l’évolution et les rebondissements d’une fabrication artisanale puis industrielle sur quatre générations et 130 années d’existence.

 

 

Dès l’entrée, les vieilles pierres de la magnanerie impressionnent le visiteur, car ici avant de fabriquer des scourtins on filait et on bobinait le fil de soie.


La belle architecture des bâtiments comprend la forge utilisée pour l’entretien des outils et des métiers, et l’ancien étouffoir des cocons de soie utilisé aujourd’hui pour pour la teinture des scourtins.

Fondée en 1882, à Nyons en Drôme provençale, par Ferdinand et Marie Fert, cette entreprise familiale a su traverser le XXème siècle. Elle est aujourd’hui dirigée par Frédérique et Arnaud Fert, les petits-enfants des créateurs.

La Scourtinerie est la dernière manufacture de scourtins de Provence.

 

 

 

Ensuite, notre guide nous invite à la suivre à l’atelier de fabrication des scourtins.

Dans l’atelier, où des colonnes de fonte soutiennent le plafond, la roue d’un métier à tisser de 1892 trône au milieu des outils, des maquettes réalisées par le grand-père, des références et modèles actuels, sous le regard du portrait des ancêtres, car ici les générations se sont succédées et ont dû s’adapter aux circonstances et aux bouleversements économiques.

 

 

La méthode ancienne d’extraction par pression consistait à séparer le moût d’huile du grignon par une filtration dans un empilage de scourtins, en alternant couches de pâte et scourtins sous une presse. Vers les années 1880, les presses à vis métalliques remplacent les presses à -vis à bois puis les presses hydrauliques s’imposent. Ferdinand Fert, tisserand de métier et serrurier ingénieux, développe alors la fabrication par tissage mécanique des Scourtins de Provence. Les brevets de Ferdinat Fert datent de 1882.


Les premiers scourtins étaient très certainement en paille, ou en étoffe dans notre région, ou en Alfa au Sud de la Méditerranée. Longtemps ils ont été réalisé entièrement à la main en vannerie.

L’augmentation continue des pressions d’extraction oblige à rechercher de nouveaux matériaux. Après divers essais avec de l’alfa – imputrescible mais mécaniquement pas très résistant, du chanvre, du sisal, des fibres d’aloès,.. Le choix de Ferdinand Fert se porte vers la fibre de coco, dont les qualités étaient reconnues et utilisées pour les cordes de marine.


En 1956, année noire, le gel fait éclater le tronc des oliviers, ravage l’oliveraie provençale et amène la scourtinerie au bord de la faillite.


Georges Fert a remarqué que beaucoup de gens utilisent les scourtins usagés comme des paillassons et l’idée lui vient de teindre les fils de coco et de transformer les scouffins destinés à l’huilerie en objet de décor et d’ameublement.


Le « Scourtin de Provence » est né.

A la différence du tissage plat, la chaîne, matérialisée par des broches métalliques, est fixe: Le jeu des lices, du peigne et de la navette des métiers à tissus est remplacé par un système mécanique simple permettant à la trame de slalomer entre les aiguilles de la chaîne.


Les scourtins sont fabriqués en 2 étapes:

– le tissage de la trame sur une première machine appelée Tisseuse,

– le montage du fil de chaîne, sur un second métier appelé Tireuse, qui permet de remplacer les aiguilles ou broches du moule par un fil de chaîne. Cette dernière opération n’a été mécanisée qu’à partir de 1956.

 

 

 

 

Aujourd’hui la manufacture fabrique aussi des tapis provençaux mais à l’atelier de tissage, les machines, ont très peu changé depuis la création au XIXème siècle. Ces machines ont fonctionné jusqu’en 1954 grâce à la force motrice de l’Eygues.

 

Et puis en fin de visite un petit tour dans la boutique du Musée, où l’on trouve différents produits à emporter en souvenir ou à offrir.

 

Un musée agricole régional

 

Lorsque tout le monde s’est rassemblé sous les ombrages, Jean Louis nous annonce la fameuse surprise. Retour dans les voitures pour une direction inconnue. Après quelques kilomètres parmi les oliviers, abricotiers et pêchers nous arrivons dans une propriété qui héberge un musée agricole régional tenu par un particulier exploitant agricole.

 

 

 

 

Après dégustation d’abricots, achat de fruits et huile d’olive nos prenons la direction du pique-nique à proximité de l’Eygues, parmi les champs d’oliviers, de fruitiers et de vigne.Ayant bien profité de cette pause, nous prenons le chemin du Musée de la Soie à Taulignan.

 

Le Musée de la Soie

 

La commune de Taulignan a fait, en 2001, l’acquisition de la collection privée de Monsieur Lançon, ancien moulinier et collectionneur passionné, pour en faire un Musée de la soie et témoigner de son important passé industriel ; ce Musée est installé dans l’ancienne école communale au centre du village..

C’est en 1980, que Pierre Lançon héritier d’une famille de mouliniers et ancien moulinier lui même soucieux de ne pas voir disparaître les derniers vestiges d’une époque passionnante, a entrepris de reconstituer fidèlement les métiers en bois et outillages divers utilisés au XIXe, pour la sériciculture, la filature, le moulinage et le tissage de la soie.

Le Musée de la Soie a ses racines basées sur le génie des hommes qui a contribué au grand départ de notre ère industrielle, particulièrement dans toute la région Sud Est de la France. Les merveilleuses machines authentiques retraçant l’évolution de la soie, du XVIIe siècle à nos jours, sont en fonctionnement sous l’œil du visiteur qui pourra découvrir toutes les étapes depuis la graine du ver à soie jusqu’à l’étoffe.

Nous sommes accueillis par Françoise, notre guide, qui va nous emmenés au fil des 4 étapes de transformation de la soie : « du cocon à l’étoffe » :

– La sériciculture : De l’œuf au papillon, un élevage vivant de Bombyx du Murier.

– La filature : De la Tour de Piémont à la machine à vapeur, dévidage de cocon.

– Le moulinage : La torsion du fil sur des moulins en fonctionnement

– Le tissage : Le célèbre «Bis-tan-clac-pan» et la fameuse « mécanique Jacquard »

 

Tout d’abord, un premier vidéogramme qui nous dévoile l’origine de la soie et les étapes de fabrication,

 

 

 

Parcourant l’exposition, nous sommes plongés dans le passé, découvrant l’éclosoir où sont enfermées les « graines » prêtes à éclore, le « taulier » où vit la chenille parmi les feuilles de mûrier et les rameaux de bruyère dans lesquelles le ver va tisser son cocon. La sériciculture consiste en l’élevage du ver à soie, le «Bombyx du mûrier», de l’éclosion de la graine à la naissance du ver, jusqu’à sa transformation en papillon. Cette activité se réalisait autrefois dans des Magnaneries dont le nom vient de «Magnan» (qui signifie gourmand en provençal). C’était une activité complémentaire à l’agriculture, présente à Taulignan dès le XVIIIème siècle. Durant leur éducation, les vers à soie se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier blanc qu’ils consomment en quantité considérable; au terme d’une croissance qui dure environ 1 mois, les vers tissent leur cocon en bavant le fameux fil de soie.


Ensuite des métiers de filature artisanale et industrielle utilisés pour dévider les cocons dans des bassines de cuivre ou de terre. La filature consiste, elle, à dévider le cocon afin d’en tirer le fil de soie. Les cocons, plongés dans un bain d’eau bouillante, se ramollissent, puis, sont agités avec un petit balai afin de dégager les fils et ensuite ils sont attachés au métier à filer puis enroulés sur l’écheveau. La filature dite « artisanale » se pratique dès le XVIIIème siècle sur les tours en bois, dont l’un des plus anciens est le tour de Piémont ; avec l’invention de la machine à vapeur (1769) les métiers à filer se modernisent, la filature devient une activité industrielle.

 

 


Puis vient le moulinage qui consiste a tordre le fil, opération délicate de préparation de la soie pour le tissage suivant le type d’étoffe à obtenir. C’est l’étape fondamentale qui va permettre de rendre le fil de soie utilisable pour le tissage, le moulinage s’implante à Taulignan dans les années 1840. Il consiste à tordre le fil sur lui-même afin d’augmenter la résistance et en changer l’aspect. Pratiqué dès 1730 sur des moulins en bois de forme ronde puis sur des moulins ovales, le moulinage permet de réaliser différents types de fils comme le voile, l’organsin, le crèpe ou la grenadine…

 

 

 

 

Quelques pièces en verre et faïence servant au moulinage de la soie


En bout de chaîne, d’imposants métiers à tisser, équipés de mécaniques Jacquard., Le tissage, c’est le moment clé de l’élaboration de la précieuse étoffe, il consiste à entrelacer les fils de chaîne (dans la longueur du tissu) avec les fils de trame (dans la largeur du tissu) pour obtenir différentes étoffes : la mousseline, le taffetas, le crêpe, le velours, le satin. Plusieurs types de métiers existent, dont le célèbre métier à tisser Jacquard qui permet le façonnage des tissus précieux grâce à un système de cartons perforés qui définissent des motifs.

 

 

 

 

 

Et le passage obligé par la boutique!

Ensuite pour finir la journée , nous effectuons un « chemin de la soie », un parcours de l’ancien passé soyeux de Taulignan . Jean-Louis nous fait découvrir l’ancienne usine de moulinage CAYRANNE-PEYROL, l’usine-pension le BEAL, l’usine de FAUJAS, le moulin qui fournissait l’énergie à ces deux usines, la fabrique BRULEE, ancien atelier de forge en 1886, l’usine du PONT, qui abritera les ateliers de dévidage, de moulinage et des dortoirs, l’usine de l’ECLUSE, transformée en atelier de moulinage puis en monastère.

 

 

Retour sur Crest en nous demandant qu’elle sera la ballade de l’année prochaine.

Et plus près de nous…

 

Filatures Raymond 26 Crest

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