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Les porteurs d’eau

Avant l’arrivée de l’eau courante au XIXe siècle, l’un des gros problèmes des populations vivant dans des grandes villes était l’approvisionnement en eau. Les villes s’étendaient en général au bord d’une rivière, et des canaux alimentaient les fontaines publiques. Mais, à moins de disposer de citernes privées, l’eau devait être acheminée jusqu’aux habitations dans des cruches.
Cette tâche pouvait être effectuée en personne ou confiée à un domestique. Cependant, il était très courant d’avoir recours à des professionnels, dont la présence est devenue habituelle dans les villes : les porteurs d’eau où constituaient une corporation relativement importante et ont représenté l’un des mille petits métiers.. Un métier « franc », n’obéissant pas à des règles corporatives, éreintant mais primordial dans des sociétés où l’eau courante n’était encore qu’un rêve.
Si Paris s’éveillait à l’aube, avec les appels de ces métiers ambulants, au cri de A l’eau ! ou ai ! ou Oai ! dans les villages, chacun allait puiser son eau au puits le plus proche.
Dès la fin du XIIIe siècle, les premiers porteurs d’eau apparaissent à Paris – La « Taille » de 1292 recense 58 « porteurs d’yaue » mais il leur était interdit, « à peine de punition corporelle , de puiser l’eau de la Seine depuis la Place Maubert jusqu’au Pont-Neuf, à cause de l’infection et impureté des eaux qui y croupissent ». A cette époque, les maisons possèdent leur propre puits, mais au fil des siècles, elles se multiplient et deviennent plus hautes, avec des étages. Alors les habitants doivent aller puiser leur eau aux fontaines ou dans la Seine et font appel aux porteurs d’eau. Et là, le métier de porteur d’eau se répand. Un métier réservé aux hommes costauds ( bien qu’il y ait aussi des porteuses d’eau ; car il fallait non seulement aller puiser l’eau, mais aussi la porter dans les rues à la recherche de clients, puis la monter dans les étages…
« Certains avaient une carriole avec une tonne à eau calée dessus, d’une contenance de 800 ou 1000 litres, et un cheval pour tracter tout ça, mais d’autr aussi es marchaient toute la journée avec deux seaux sur leurs épaules en criant « à l’eau, à l’eau », et les clients les appelaient quand ils en avaient besoin. Mais ces seaux étaient en bois cerclé de métal, comme les tonneaux, et même vides ils étaient très lourds. Et ils contenaient chacun 20 ou 30 litres ! »
A Paris, ils sont environ cinq mille en 1600, quinze mille vers 1782 et à la fin du XVIIIe siècle, 29 000 porteurs d’eau. Ils sont d’autant plus utiles que l’eau des puits devient impropre à la cuisson des légumes et à la toilette. Les polluants sont multiples : sulfate et nitrate de chaux, déjections organiques, infiltration d’eaux ménagères et… cimetières.
En 1763, l’eau de la Seine est de plus en plus douteuse et une « Compagnie des Eaux Filtrées et Clarifiées » est créée exclusivement pour les porteurs d’eau et en 1777 elle alimente 7 fontaines marchandes auxquelles les porteurs allaient se ravitailler.
Si l’eau est plus claire aux fontaines, leur nombre s’accroît lentement : elles ne sont que trois sous Charles V, seize en 1599, quarante-deux en 1670 et quarante-cinq en 1683. L’une des plus célèbres est celle des Innocents, élevée en 1549 . La plus imposante est celle de la Samaritaine, au Pont-Neuf (https://aouste-a-coeur.fr/les-ponts-de-paris/#La_pompe_de_la_Samaritaine). Elle abritait la première machine élévatrice de Paris, construite par Henri IV pour alimenter le Louvre et les Tuileries. Elle sera démolie en 1813, lorsque l’eau du canal de l’Ourcq alimentera la capitale.
Au XIXe, même si l’évolution des mesures d’hygiène condamne de nombreux puits ce qui permet au métier de porteur de survivre, la construction croissante d’adductions d’eau et la généralisation de l’eau courante fait décliner le métier, avant de le faire disparaître peu avant la première guerre mondiale. En 1879, ils n’étaient plus que sept cents.
On distingue à Paris et aux grandes villes de provinces deux catégories de porteurs d’eau : les porteurs d’eau à la sangle (ou à bretelles) et ceux qui disposent d’une charrette équipée d’un tonneau ( une tonne ) qu’ils tirent eux-mêmes à la bricole ou par traction animale ( âne, mulet ou cheval).
Le porteur à bretelles
Il était d’abord équipé d’une barre de bois rigide reposant sur ses épaules, une sangle de cuir relativement large, qu’il plaçait en diagonale sur ses épaules ; aux extrémités de cette sangle étaient fixés deux crochets de fer, où l’on accrochait les seaux. Un arceau, ou croche, de solides lattes, maintenait les seaux à distance du porteur, tout en les stabilisant. Ces seaux étaient à l’origine faits de hêtre très mince, et furent remplacés plus tard par des seaux en fer blanc. A la surface de l’eau flottait une « nageoire », morceau de bois étant destiné à modérer les mouvements de l’eau pendant la marche du porteur et éviter les pertes et les éclaboussures. Les deux seaux ensemble constituaient « une voie » d’eau, soit de l’ordre d’environ trente cinq litres.

Avant la Révolution, elle était vendue entre 2 et 4 sols selon les étages. Un bon porteur effectuait jusqu’à trente livraisons par jour, soit une recette de 60 à 120 sols. En comparaison, un ouvrier non spécialisé d’une fabrique de papiers peints était payé 20 à 30 sols par jour (soit environ une livre). Il se vendait alors quotidiennement pour 20 000 livres d’eau dans Paris (il fallait 20 sols pour composer une livre et 24 livres pour obtenir un louis). Le métier n’était donc pas de misère et certains parvenaient à épargner en suffisance pour doter leur fille ou se retirer au pays. Il est à noter due la majorité des porteurs d’eau exerçant dans la capitale était d’origine auvergnate. Ce sont souvent des « gagne deniers » qui pratiquent aussi le portage de bois de charbon, le déménagement… .
Les porteurs d’eau à tonneau
Ils concurrencèrent dès le début les porteurs à bretelles qui s’efforcèrent, selon leurs moyens, d’en adopter la pratique. Les prix des « fonds » augmentèrent jusqu’à s’aligner sur ceux des débits de boisson. Les porteurs d’eau à tonneau avaient un champ d’action plus étendu . Ils étaient aussi moins nombreux car il fallait investir dans l’achat d’une charrette, d’un tonneau et si possible d’un cheval. Mais la fatigue était moindre, la capacité et le gain supérieurs, même s’il fallait de toute façon grimper les escaliers. Ils s’approvisionnaient exclusivement à la Seine, sur de petits appontements ou des bateaux-barges. A partir de 1771, des pompes furent installées sur ces emplacements. Dès le XVIII° siècle, ces tonneaux étaient armés de soupapes et de tuyaux de cuir. Chaque porteur écoulait en moyenne deux tonneaux et gagnait 6 francs par jour. En ce temps-là, c’était une riche journée.

Porteur d’ eau en tonneau à cheval 1862 – photo :https bouges.lescigales.org
Quelques années avant la Révolution, on comptait quelque vingt mille porteurs d’eau à Paris, toutes catégories confondues. De 1830 à 1880, le nombre de porteurs d’eau au tonneau varie, suivant les années, de 800 à 1800 dont les trois quarts utilisent des charrettes à bras. En 1858, on recense 7 tonneaux attelés à des ânes, 204 à cheval, et 662 tirés à bras.
Législation
A partir de 1811, des questions d’hygiène et d’ordre public amènent l’administration à renforcer la législation (ordonnances de 1815, 1829, 1837, 1845). Pour éviter qu’ils n’aillent puiser dans les eaux malsaines des canaux, l’ordonnance royale de 1815 oblige les porteurs à tonneaux à se fournir aux fontaines marchandes de la ville qui fournissent une eau filtrée dite clarifiée.
Ordonnance du 12 septembre 1811
Paris, le 17 Septembre.
Préfecture de Police.
Une ordonnance en date du 12 Septembre, concernant les porteurs d’eau contient les dispositions suivantes :
- Les permissions délivrées aux porteurs d’eau à tonneaux pour exercer leur état dans la ville de Paris sont maintenues.
- Ceux qui à l’avenir voudront exercer cet état, seront tenus préalablement d’en faire la déclaration à la préfecture de police.
- Il sera délivré aux déclarants, un certificat qui devra être visé par le commissaire de police de leur domicile.
- Les tonneaux des porteurs d’eau seront numérotés aux frais des propriétaires.
- Le nom du porteur d’eau sera peint sur le fond du tonneau.
- Dans un mois, à compter du jour de la publication de la présente ordonnance, tous les porteurs d’eau à tonneaux qui ont déjà un numéro feront peindre leurs noms sur le fond du tonneau.
- Les porteurs d’eau à tonneaux qui changeront de domicile, en feront la déclaration, dans le délai de trois jours, à la préfecture de police.
- Lorsqu’un porteur d’eau à tonneaux cessera l’exercice de son état, il en fera aussi la déclaration à la préfecture de police.
- Les numéros peints sur les tonneaux seront effacés, et certificat en sera délivré au déclarant.
- En cas de vente d’un tonneau numéroté, la déclaration en sera faite à la préfecture de police, tant par le vendeur que par l’acheteur.
- Il est défendu aux porteurs d’eau à tonneaux de puiser aux fontaines publiques, à peine de 50 fr. d’amende.
- Les particuliers puiseront aux fontaines publiques avant les porteurs d’eau à bretelles.
- Les porteurs d’eau ne pourront puiser à la rivière qu’aux pompes et puisoirs autorisés à cet effet.
- Les tonneaux devront être pleins lorsque les porteurs d’eau rentreront chez eux.
- En cas d’incendie, les porteurs d’eau seront tenus, sous les peines prononcées par l’art 475 du code pénal, de se rendre avec leurs tonneaux, au lieu de l’incendie.
- Indépendamment du prix de l’eau il, sera accordé une récompense aux deux porteurs d’eau dont les tonneaux arriveront les premiers.
- Les porteurs d’eau à tonneaux sont civilement responsables des personnes qu’ils emploient à la conduite de leurs voitures ou à la distribution de l’eau.
En outre, le porteur d’eau au tonneau est soumis à une réglementation particulière. Ses tonneaux doivent être jaugés officiellement, moyennant finance. Il paie un droit d’eau pour chaque hectolitre puisé à la fontaine publique, alors que le porteur d’eau à la sangle ne paie rien ; des agents municipaux sont chargés de surveiller et de contrôler ces approvisionnements ; des conflits entre ces agents et les porteurs d’eau sont quotidiens. Les porteurs d’eau sont par ailleurs sont tenus d’avoir leurs « tonnes » pleines pendant la nuit, remisées, pleines, dans des endroits désignés par la préfecture afin de servir en cas d‘incendie. En cas de non-respect de cette règle, ils sont passibles d ‘une amende. De nombreux porteurs dérogent à cette obligation en enfermant dans leur remise cette eau si chèrement acquise aux fontaines marchandes. Lors des incendies, les porteurs d’eau sont appelés à participer à la lutte contre le feu, « un service dont ils s’acquittent d’ailleurs avec une louable émulation ». Ils sont indemnisés par la municipalité pour ces services rendus en collaboration étroites avec les pompiers.
Chaque tonneau est marqué et identifié avec sa contenance. Devant les fraudes, la préfecture réagit en réglementant tout : les formes , dimensions, couleurs et nom du porteur. Le contrôle des jaugeages est régulièrement effectué. Les porteurs sont tenus de présenter chaque année leur matériel roulant à la visite réglementaire qui a lieu à la Fourrière. Les tonneaux reconnus en bon état sont marqués d’une estampille de couleur rouge. Ceux qui, au contraire, ne réunissent pas toutes les conditions de salubrité exigée sont d’office mis hors de service.
Cette législation ne s’appliquera pas sans de nombreuses difficultés et les registres regorgent de plaintes et sanctions allant de l’amende à la prison.
La clientèle du porteur d’eau s’achète comme tout fonds de commerce. A chaque porteur d’eau, de quelque catégorie qu’il soit, est affecté un numéro d’ordre délivré par la police, une sorte d’immatriculation payante. L’évaluation de cette clientèle est fonction du nombre et de la situation sociale des clients. On prend en considération le quartier ; les rues tortueuses du vieux Paris sont moins recherchées que celles des quartiers riches et bourgeois.
Le prix de la transaction comprend les ustensiles nécessaires à la profession : cheval, harnais, voiture, bricole, tonne, seaux, sangle, croche …
Un commentateur de l’époque note : « Le cheval du porteur d’eau au tonneau mérite une mention honorable. Tout normand qu’il soit, il semble appartenir à une espèce particulière, omise à tort par le comte de Buffon. Le galop lui est totalement inconnu ; son allure tend plutôt à se rapprocher de celle de la tortue. Cet étrange quadrupède ne s’emporte jamais, marche en ligne droite, fait trois pas, s’arrête, recommence et s’arrête encore ; touchant symbole de l’égalité d’humeur et de la régularité de conduite »
Le livreur de bains
Le livreur de bain, au début du XIXe, avait une activité assez particulière ; en plus de l’eau, il fournissait la baignoire.
Il disposait pour porter leur équipement de charrettes à bras ou de voitures attelées, d’un tonneau d’eau chaude et d’un tonneau d’eau froide ou simplement d’un tonneau d’eau chaude pour les immeubles qui disposaient d’un robinet d’eau froide dans la cour.
Lorsqu’il arrivait chez un client, il commençait par porter la baignoire dans l’habitation, dans la pièce où le bain serait pris, puis il apportait l’eau nécessaire au bain grâce à des seaux. En jouant sur les proportions d’eau chaude et d’eau froide, il réglait la température du bain selon le désir du client.
Il attendait ensuite que celui-ci prenne son bain, et lorsque ce dernier avait terminé, le livreur de bain récupérait l’eau et la baignoire. Il jetait alors l’eau usagée, rechargeait la baignoire sur sa charrette, et partait remplir ses tonneaux avant d’aller chez le client suivant.
Les bains douches remplaceront progressivement cette pratique avant la généralisation des salles de bain dans l’habitat dans la dernière décennie du XIXe siècle.
Voici la description d’un modèle sophistiqué d’une voiture de porteur d’eau de marque Guillon

Crédit photo : http://a404.idata.over-blog.com
« Cette voiture, dont nous vous donnons deux dessins qui permettent parfaitement d’en apprécier les dispositions et la construction, se compose d’un cylindre en tôle ayant 1,63 m de longueur et de 0,62m de diamètre. Ce cylindre est divisé en deux parties dont la grande est destinée à contenir l’eau chaude et la petite l’eau froide; le tout suffisant à deux bains.
A la partie supérieure sont deux orifices distincts pour l’introduction du liquide. A la partie inférieure, chaque partie est aussi munie d’un orifice, mais qui, au moyen d’une disposition spéciale, se réunissent tous les deux dans un commun tuyau de dégagement auquel est adapté une cannelle qui, suivant la manière dont on la tourne, permet d’obtenir à volonté l’eau chaude ou l’eau froide.
A l’avant de tout ceci est placé une sorte de grand châssis adapté sur des ressorts maintenus par des supports en fer. Ce châssis est disposé de façon à recevoir trois baignoires et, au devant, le siège du cocher, de chaque côté duquel est aussi un seau. Ces seaux ont une destination toute spéciale : ils servent à chauffer des peignoirs au « bain marie ». La coupe jointe à la vue de côté en montre les dispositions. Le cylindre intérieur, sans communication avec le pourtour, sert à contenir le peignoir, et se ferme par un couvercle; autour est l’eau chaude que l’on introduit, au moyen d’un entonnoir, par un orifice placé à la partie supérieure qu’on ferme par un écrou à vis, et à l’opposé est un autre orifice plus étroit et destiné au dégagement de l’air. Ces deux seaux sont en cuivre.
Tel est son ensemble, l’agencement de cette voiture, qui remplit parfaitement le but pour lequel elle a été construite.
Les verts fins ou les bruns Van-Dick sont les couleurs les plus convenables pour ce genre de voiture. GUILLON »
Sa réputation
Les porteurs d’eau n’ont pas bonne réputation, dans les trois catégories. Ils sont volontiers querelleurs. Ainsi ils brutalisent les gens de maison qui viennent quérir de l’eau aux fontaines pour leur employeur, prétextant qu’ils leur font concurrence ; la police devait souvent intervenir pour rétablir la paix entre les intéressés. Ils agressent le bourgeois … verbalement, mais parfois aussi physiquement, en lui jetant un seau d’eau dans les jambes ! Les femmes qui viennent rincer leurs linges aux fontaines ou en rivière, dans ce qu’ils considèrent comme leur espace vital, sont également prises à partie. Et puis ce sont de mauvais payeur, négligeant de payer leur droit d’eau aux fontaines, et si les amendes sont inefficaces, on les met en prison pour deux, trois et jusqu’à six jours et même plus pour les récidivistes impénitents : ceux-ci ne se plaignent d’ailleurs pas, étant logés et nourris gratuitement, sans soucis du lendemain ! D’aucuns se plaignent aussi du vacarme qu’ils font dès cinq heures du matin, en criant « A l’eau ! » dans les cages d’escaliers : mais ils semble qu’aucun règlement ne permettent de verbaliser cette forme d’agression auditive et intempestive. Les « Cris de Paris » des différents métiers sont admis comme un moindre mal.
L’ évolution
Le développement rapide de la capitale, les mesures d’hygiène qui condamnent de nombreux puits (il en existait encore trente mille en 1870), continuèrent de faire la « fortune » des porteurs d’eau tout au long du XIXe siècle. Sous le Second Empire, en 1858, on comptait encore près de neuf cent porteurs à tonneaux qui ne s’approvisionnaient plus dans la Seine mais aux dix fontaines marchandes de la ville.
Au milieu du XIXe siècle, le centre historique de Paris se présente à peu près sous le même aspect qu’au Moyen Âge : les rues y sont encore étroites, peu éclairées et insalubres. Sous le Second Empire, le préfet de Paris, Georges Eugène Haussmann lance alors de grands travaux et le système de canalisations connaît un développement extraordinaire. Bientôt chaque immeuble de la capitale bénéficie de l’eau courante. Le métier de porteur d’eau déclinait au rythme des adductions d’eau. et disparut progressivement dans la dernière décennie du XIX° siècle.
Sources :
- https://www.canal-math.com/porteur-eau/
- https://www.attelage-patrimoine.com/article-voitures-de-porteur-d-eau-et-de-livreur-de-bain-120861379.html
- https://www.stylesdebain.fr/les-porteurs-deau-un-petit-metier-qui-parle-dun-temps-ou-le-robinet-nexistait-pas/
- https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1995_num_50_4_6038