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Les tailleurs d’habits et les couturières

Crédit photo : https://archives.cholet.fr/regards-sur-les-archives/actualites/tailleur-couturiere
Les vêtements des peuples de l’Antiquité étaient simples et ne nécessitaient pas de gros travaux de couture, ni de confection. Mésopotamiens et égyptiens, en raison du climat, portaient des habits sommaires.
Les toges des citoyens romains étaient constituées d’un grand cercle de tissu ; l’art de porter la toge était plus situé dans le drapé que dans la forme de celle-ci. Si les patriciens portaient la toge, les plébéiens se vêtaient à l’aide de la tunica, en forme de rectangle. Les esclaves se contentaient d’un pagne.
Au Moyen Âge, les paysans (serfs et cultivateurs libres) portaient le bliaud, grand rond de tissu avec un trou central, pour passer la tête. Par contre, en ville, les artisans et commerçants portaient des habits adaptés à leur profession : la cotte, parfois revêtue d’un surcot, plus élaborés, avec des manches et parfois une capuche, des tabliers (de cuir ou de tissus divers), Quant à eux, les nobles portaient de riches vêtements, souvent doublés de fourrures. Les informations dont nous disposons sur l’histoire de la mode (surtout féminine) concernent essentiellement la noblesse et beaucoup moins les roturiers. Les enluminures des manuscrits et autres peintures fournissent, en effet, de nombreuses images de personnages en tenues diverses. Dans les villes, le métier de tailleur d’habits était reconnu et apprécié, avec les marchands drapiers et tous les fournisseurs d’accessoires de l’habillement (chapeliers, cordonniers, fourreurs, etc.).
Le tailleur d’habits
Le tailleur d’habit était un petit artisan, de la campagne ou d’un bourg, qui se déplaçait et travaillait à façon dans un périmètre local. Il confectionne des vêtements pour hommes. Pour des vêtements féminins, on utilisera plutôt le terme de couturier ou couturière. Pour les enfants, il rapiéçait les vieux habits ou les accommodait à leur taille.
A l’origine, la couture a été une activité réservée aux hommes. Le tailleur d’habits, est celui qui taille, coud, fait et vend des habits. Ils étaient les seuls à avoir le droit d’habiller les hommes et les femmes. Les femmes, quant à elles, se contentaient de réparer ou de faire de légères retouches, on les appelait les lingères ou les couseuses. Métier jadis réservé à la gent masculine, la confection de vêtements est longtemps l’apanage d’une corporation faisant valoir ses droits à grand renfort de plaintes, amendes et autres saisies, bien décidée à éradiquer l’activité clandestine des couturières.
A la campagne, tandis que les hommes sont aux champs, le tailleur d’habits travaille à la ferme pour confectionner les vêtements commandés. Ayant souvent du mal à se faire payer, il reçoit son dû parfois en nature comme des volailles. Il travaille le plus souvent avec son épouse, couturière. En Bourbonnais, le tailleur d’habits et appelé le pique-prune. Ce surnom lui aurait été donné car en cousant, il humectait son fil et pour avoir beaucoup de salive, il suçait le noyau d’une prune.
Allant de village en village, de ferme en ferme, séjournant dans les familles, se mêlant à leur intimité, participant aux veillées, le rôle du tailleur de campagne consistait autant à enrichir une sociabilité par l’échange d’informations, avec tact, d’un lieu à l’autre qu’à fabriquer des costumes. Il était gazetier, et presque la légende vivante du canton. Nulle circonstance solennelle, qu’elle intéressât l’individu, la famille (baptême, noce, deuil) ou la commune, ne pouvait se passer de son concours.
A Paris, les couches les plus démunies, pour lesquelles les services du tailleur ou de la couturière sont inaccessibles, s’approvisionnent au Temple, univers de la friperie :10 831 m² entre la place de la rotonde (aujourd’hui disparue), et les rues du Temple, Dupetit-Thouars et Perrée. Entre la Rotonde et les hangars se situe le carreau, une bourse du vêtement d’occasion qui fonctionne de 11h à 2h. En 1863 les 4 auvents du Temple et la Rotonde sont détruits et remplacés par une belle construction en fer.
Le Temple est composé de 4 hangars :
– le carré du Palais Royal où l’on peut trouver de belles occasions, ainsi que des vêtements confectionnés à l’avance (paletots, gilets, redingotes, robes de chambre)
– le carré de Flore spécialisé dans le linge de maison et l’utilitaire
– le carré du « Pou-volant » où la ferraille voisine avec les oripeaux
– le carré de la « Forêt Noire » coin du cuir avachi.
Il fut établi par ces statuts que l’inspection et la surveillance des travaux du métier seraient exercées un jour par semaine par quatre gardes jurés élus pour deux ans ; que chaque maître n’aurait à la fois qu’un apprenti, qui pourrait être reçu compagnon après trois ans d’apprentissage, et maître après trois autres années et l’exécution d’un chef-d’œuvre. Toutefois, on convint qu’il ne serait jamais reçu que dix maîtres par an. Les statuts confirmaient aux marchands d’habits et aux pourpointiers le droit de faire habit neuf ou de façon neuve, à l’exclusion de tous autres ouvriers. C’était très bien en paroles ; mais il n’était pas toujours commode en fait de prouver à un fripier qu’un vieil habit retapé est neuf par la façon, alors surtout que le fripier avait intérêt à ne pas se convaincre. Aussi les tailleurs eurent-ils avec les fripiers, sur la différence de l’habit neuf au vieil habit, des procès qui, dans l’histoire des corporations, sont restés célèbres par leur durée.
C’est également cette communauté qui réalisa les habits de ballets et de tragédie. Toutefois, la communauté devenait pléthorique : 1 600 maîtres. Les unions des offices des jurés coûtèrent 70 000 livres. Celles des inspecteurs des jurés s’éleva à 120 000.
On rappela également, la séparation des rôles entres les métiers :
– Aux tailleurs d’habits les vêtements longs,
– Pour les pourpointiers les vêtements courts, soit au dessus du genou,
– Aux chaussetiers les vêtements pour les jambes.
Au XVIIe siècle, époque à laquelle les arts, l’architecture, la musique et la mode de la Cour de Louis XIV à Versailles sont admirés et imités par l’Europe entière. Ce qui fera dire à Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV :« La mode est pour la France ce que les mines d’or du Pérou sont pour l’Espagne »
En 1675, Louis XIV autorisa les femmes à fabriquer des vêtements sous le nom de couturières et uniquement pour les femmes. Le métier se structure davantage, en incluant également les femmes avec la création du métier de “Maîtresse Couturière”, accessible après quelques années d’apprentissage. En parallèle, les métiers du vêtement se divisent toujours de façon spécifique, avec les tailleurs d’habits chargés de réaliser les vêtements longs, les chaussetiers pour les jambes ou encore les pourpointiers pour habits plus courts. Ces corporations furent supprimées, comme les autres, pendant la Révolution.
Savary recense à Paris autour de 1750 : 1882 maîtres-tailleurs, 1700 couturières, 700 fripiers, 659 lingères, 1820 cordonniers, 1300 savetiers et 319 chapeliers.
En 1770, Rose Bertin, jeune créatrice de mode, ouvre sa maison de couture à l’enseigne « Le Grand Mogol » dans la rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Elle devient ministre des modes de la reine Marie-Antoinette. Elle est l’inspiratrice de la haute couture française du XVIIIe siècle.

Tailleur au 18e siècle
(crédit photo BnF, département Littérature et art, Z-371 )
Au début du XIXe siècle, la France était encore très attachée à ses traditions artisanales. Cependant, l’essor de la révolution industrielle a changé la donne, avec l’apparition de nouvelles machines et techniques de production, permettant de fabriquer des vêtements plus rapidement et à moindre coût. La mécanisation a bouleversé toutes les étapes de la production textile, depuis le filage de la laine jusqu’à la teinture des tissus.
L’industrie de la confection s’est considérablement développée à partir du XIXe siècle, conduisant à une marginalisation du métier de tailleur, lequel appartient aujourd’hui pour l’essentiel à l’industrie du luxe.
En 1824, Pierre Parissot crée à Paris « La Belle Jardinière », sur le quai aux Fleurs : « il rationalise la production en divisant le travail manuel et fait exécuter les coupes dans plusieurs épaisseurs de tissus » et est l’un des premiers à vendre « à prix fixe, constant et marqué ». Il offre à une clientèle populaire des vêtements destinés au travail, ne nécessitant pas de coupe ajustée et précise, ainsi que des toiles et des tissus. A côté des blouses, bourgerons, tabliers et pantalons de toile, il ne tardera pas à ajouter des vêtements bourgeois ordinaires. « Pour 5,75F on s’y procure un habillement complet et bien fini, à peine plus cher que l’occasion« . Vers 1830, il s’agrandit. En 1830, Terneaux, négociant en drap inaugure le « Bonhomme Ricard« , 9 place des Victoires, et Coutard s’installe 21, rue Croix-des-petits-champs.
La machine à coudre, mise au point par Thimonnier en 1829, suscita d’abord la panique chez les tailleurs : ils détruisirent dans une véritable émeute les 80 exemplaires de la manufacture d’uniformes Germain Petit, et forcèrent Parissot, de « La Belle jardinière« , à ranger les siennes – une trentaine – jusqu’en 1850. Ce n’est qu’au milieu du Second Empire que l’américain Singer, s’inspirant largement des inventions de Howe et de Hunt, réussit à percer un marché français encore très réticent, avec une machine qui augmente sensiblement la productivité des ouvriers-confectionneurs. Ces derniers, qui ne se regrouperont qu’en 1880, restent toujours en chambre ou en petites unités de production, avec des « métiers à coudre » bientôt à la portée des ménages bourgeois. Seule concentration notable, celle des ateliers militaires toujours, avec la maison Godillot par exemple, fondée en 1859, ultra-moderne, employant plusieurs milliers d’ouvriers, et autant de machines. Elle donnera plus tard son nom aux chaussures de l’armée, à qui elle fournit déjà plus de 1 100 000 effets par année.
Dans les années 1840, la rationalisation du travail s’accroît. On réunit tailleurs ou couturières, apiéceurs et coupeurs, dans un atelier où s’exécutent la coupe du tissu et l’assemblage sommaire des pièces confiées ensuite pour leur finition (doublures, garnitures, boutons, etc.) à des ouvriers et ouvrières en chambre, travaillant 13h par jour pour 2 francs. On instaure le système des patrons, des formes et des pointures. Le prix de revient est fortement réduit et stabilisé par l’achat d’étoffes en gros et par une main d’œuvre qui ne connaît plus de morte saison. C’est aussi un énorme gain de temps : plus besoin de retouches et d’essayages incessants. Et plus de vente à crédit, on paie comptant.
Selon les chiffres de Louis Huart concernant les tailleurs pour hommes, en 1840, Paris compte 3000 maîtres-tailleurs et 30 000 ouvriers tailleurs, hiérarchisés selon la qualité de leur production et celle de leur clientèle, pour une population de 800 000 habitants. Le commerce du vêtement confectionné pour dames démarre vers 1845. En 1847, Paris compte :
– 3012 tailleurs sur mesure-fabricants employant 9765 ouvriers
– 233 confectionneurs-fabricants employant 7 440 ouvriers
– 3393 tailleurs-apiéceurs-fabricants employant 4560 ouvriers, travaillant soit pour le tailleur sur mesure, soit pour le tailleur-confectionneur
– et 225 confectionneuses et couturières-confectionneuses employant 1300 ouvrières, les unes s’occupant exclusivement de la confection des mantelets, manteaux et pelisses, les autres entreprenant, conjointement aux ouvrages sur mesure, la confection des robes, tabliers, peignoirs, chemises ou habillements d’enfants. Les unes travaillant surtout pour les « magasins de nouveauté » (spécialisés dans les articles de mode et de mercerie), les autres pour leur propre clientèle.
– 180 fripières et 271 fripiers.
Quelques entreprises traitent directement avec des fabriques, constituent d’importants stocks, multiplient les comptoirs où l’on vend » des étoffes en tout genres, roulent, ruissellent et bouillonnent à l’étalage, taffetas, lévantines, cachemires, mousselines brochées, crêpes roses, foulards chinés, peckinets, gros de Naples, satins jaspés, valenciennes, malines, mousselines-laine, mousselines-coton etc. «
La plupart des magasins de nouveauté ne survivent pas aux secousses économiques et sociales de 1848. » « Aux Trois Quartiers, né en 1829, constitue un des rares magasins de nouveautés transformé en grand magasin, qui ait survécu jusqu’à nos jours.
En 1851, sur les 5181 couturières recensées par la Chambre de Commerce de Paris, 3203 d’entre elles travaillent seules, et 86 seulement emploient plus de 10 ouvrières. Les formes de la femme empêcheront longtemps la standardisation. Toujours en 1851, sur les 3012 tailleurs sur mesure dénombrés, 870 travaillent seuls.
Aristide Boucicaut débute comme commis au Petit-Saint-Thomas, puis crée en 1852, le Bon Marché . Chauchard commence au Pauvre Diable, et devient en 1854, promoteur du Louvre. Cognacq vend au Gagne-petit avant d’inaugurer en 1869, la Samaritaine. Le Bazar de l’hôtel de ville, lui, voit le jour en 1856 sur l’initiative du camelot ambulant Ruel, tandis que le Printemps s’édifie en 1865 par l’action du transfuge Jaluzot, ancien chef de rayon au Bon Marché.
La réduction de la marge du bénéfice brut, compensée par le volume d’affaires et le renouvellement rapide des stocks et du capital, est le principe premier et la règle absolue du grand magasin. Cette concentration du travail et du capital s’accompagne d’une spécialisation interne.
Boucicaut dès 1852 crée la pratique des rendus, repris au prix coûtant. Un système de gueltes est créé afin d’intéresser les employés à la vente, et un calendrier d’événements commerciaux est établi : en janvier le blanc, en février les dentelles et les gants, en mars les manteaux et les robes de visite, en mai les toilettes d’été, en septembre les tapis, et en décembre les articles d’hiver. On peut se faire livrer à domicile.
En 1855 et 1867 ont lieu deux expositions universelles. La concentration urbaine croissante, les transformations de l’urbanisme parisien par les travaux d’Haussmann et l’amélioration des transports dans la capitale constituent des facteurs essentiels au développement du commerce.
En province et à l’étranger, c’est surtout le développement des chemins de fer qui permet la vente par correspondance sur catalogue, généralisée en 1860, puis l’établissement de succursales. Dès 1867, « La Belle Jardinière s’implante à Lyon, Marseille, Nantes et Angers.
Les grands magasins sont nés de l’industrie textile, alors secteur de pointe de la production française. Ce n’est qu’après 1870 et le développement de l’industrie des produits finis qu’ils offriront « le choix des objets qu’on leur connaît aujourd’hui ».
Ce fût une révolution en France, peu remarquée, mais grande; révolution dans la propreté, embellissement subit dans le ménage pauvre; linge de corps, linge de lit, de table, de fenêtres : des classes entières en eurent, qui n’en avaient pas eu depuis l’origine du monde.
Le confectionné s’exporte, notamment dans les colonies. L’explorateur Stanley en 1877 déclara à la chambre de commerce de Manchester : « Si seulement nous parvenions à couvrir les indigènes le jour du Seigneur, cette innovation dans les mœurs africaines représenterait un nouveau marché de 320 millions de mètres de cotonnades anglaises.«
La production du sur-mesure ne reculera pas dans l’absolu, mais elle se laissera largement distancer par le dynamisme d’une confection multiforme. Les confectionneurs, enfants du siècle, innovent. Dans son « Rapport du Jury international de l’Exposition de 1867 » le tailleur Dussautoy exhorte ses collègues à secouer leurs méthodes surannées et leur fierté, d’antique corporation, alors suicidaire. Il propose aux tailleurs , sans trop y croire, d’allier la confection à la façon.
Les tailleurs d’aujourd’hui ont les mêmes préjugés que leurs devanciers, qui étaient constamment en guerre avec les fripiers ; les fripiers sont devenus de grands confectionneurs, de grands négociants, de très grands industriels ; tandis que les tailleurs sont presque tous restés stationnaires, tels qu’ils étaient il y a 20 ans. Ils se croiraient déshonorés, si l’on pouvait les soupçonner de livrer aux consommateurs des habillements confectionnés. La friperie s’est embourgeoisée en vendant des articles neufs provenant de soldes ou d’assortiments défraîchis.
Face à la généralisation graduelle de l’habit bourgeois les classes dominantes vont élaborer un système de différenciation, la bienséance vestimentaire, la « distinction », qui s’ajoutera à la qualité du tissus, de la teinture, et au savoir-faire du tailleur. Celui-ci ne peut plus se contenter d’être un artisan, il devient un artiste : ainsi est née la Haute Couture.
Les couturières
Les couturières ont habillé la famille à toutes les époques, elles ont accompagné tous les moments de nos vies (naissance, baptême, mariage etc.). Cette profession était également pour de nombreuses femmes célibataires, filles mères ou veuves, le moyen de gagner leur vie et celle de leurs enfants.
On se rendait chez la couturière ou parfois c’est elle qui venait à domicile. Une fois le modèle choisi, la couturière prenait les mesures. Elle dessinait le patron puis elle effectuait le tracé et la coupe. Elle assemblait le vêtement à la surfileuse. Le client venait alors l’essayer. Si tout allait bien, la couturière terminait la confection : piquage des coutures, montage des boutonnières, pose des boutons. La couturière confectionnait toutes sortes de vêtements : des blouses, des chemises, des jupes, des robes, des pantalons, des costumes, des capes, des tabliers, des culottes,… Les plus douées se voyaient confier le costume du dimanche, la robe de mariée ou les vêtements liturgiques du curé. Certaines travaillaient aussi en sous-traitance pour un patron. Chaque région avait sa spécialité.

À la fin du XVIIe siècle les femmes commencèrent à revendiquer leur savoir-faire et leur autonomie. Grâce à l’édit de Louis XIV en 1673, elles purent créer des corporations, notamment de couturières et de lingères.
C’est au prix d’une lutte acharnée qu’en 1675, celles-ci mettent un terme à ce monopole des tailleurs, établissant qu’il est bienséant et convenable à la pudeur « des femmes et filles de se faire habiller par des personnes de leur sexe, lorsqu’elles le jugeraient à propos ». Les lettres patentes du 30 mars 1675, conduisent à la reconnaissance des femmes dans ce domaine et à leur constitution en métier. Toutefois, elles n’auront le droit de confectionner que certains habits de femmes, les vêtements d’enfants, la lingerie et les garnitures : robes de chambres, jupes, justaucorps, manteaux, hongrelines, camisoles et tous autres types d’ouvrages. Les corps et les bas de robe étant toutefois réservés aux tailleurs.
La rivalité entre tailleurs et couturières durera tout au long du XVIIIe siècle mais elles obtiendront de nouveaux droits, (faire des robes de dessus, cors, corsets et paniers baleinés, et aussi de poser des garnitures).
Avant l’arrivée de la machine à coudre, la couture se faisait à la main jusqu’à ce que Barthélémy Thimmonier invente la machine à coudre. Barthélemy Thimonnier naît en 1797 à L’Arbresle (Rhône). Il est tailleur de profession. En observant des ouvrières broder avec un crochet dans son Atelier à Amplepuis, près de Saint-Etienne, il a l’idée d’une machine pour coudre plus vite. Pendant quatre ans, il met au point une machine en bois qui coud uniquement le point de chaînette à l’aide d’une aiguille à crochet. Les coutures ne sont pas très solides car les points ne sont pas noués. Il l’appelle « couture mécanique » ou « couseuse ». Sa machine est mise au point en 1829 et il dépose le premier brevet d’invention le 17 avril 1830, avec l’aide financière d’Auguste Ferrand. Elle est présentée à la foire de Paris (16 mai-1er juin 1830), ce qui va permettre de lui trouver des investisseurs. Après quelques années d’améliorations, les machines à coudre domestiques furent opérationnelles en 1851. Il breveta une machine à coudre en bois à un fil continu, en point de chaînette, cousant 200 points à la minute. Barthélemy Thimonnier est donc le premier à avoir mis au point et breveté une machine réellement capable de remplacer la couture à la main. Sa machine fut d’ailleurs employée pour coudre les uniformes des soldats français. En moins de 10 ans une usine équipée de quatre-vingt machines fut ouverte.
En 1834 l’Américain Walter Hunt est le premier à utiliser une canette, et donc utilise deux fils. Cette idée est reprise et améliorée par Elias Howe qui dépose un brevet en 1846 mais n’obtient aucun succès et part en Angleterre pour tenter de l’exploiter. Isaac Merrit Singer perfectionne en 1851 une machine qu’il doit réparer, ce qui lui permet de déposer le 12 août 1851 un premier brevet et de créer la même année la I.M. Singer & Co qui vend des machines à coudre à usage domestique, ce qui lui apporte le succès.

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Vers 1835, par un patron de soierie crée dans la région de Lyon, un nouveau concept, l’usine-couvent. Il offre le gîte, le couvert et un semblant d’éducation aux jeunes filles… contre 12 à 14 heures de travail par jour dans ses usines. Enfermées dans ces couvents industriels, les demoiselles n’en sortent que pour se marier et trouver une place dans une autre usine
Avant la révolution industrielle, toutes les grands-mères savaient coudre. Les mères et les filles tissaient, filaient le fil, la laine et le coton. Elles ont développé des savoir-faire uniques dans toutes les régions. La couture était une activité de première nécessité et un travail de plus, à faire après les travaux agricoles.
Vers 1850, la révolution industrielle va bouleverser la vie de ces femmes qui savent coudre, elles quittent la ferme et vont dans les usines pour un nouveau monde prétendu meilleur mais la réalité est plus que brutale. Elles découvrent l’univers de l’usine qui est un enfer, un bruit impressionnant, une poussière omniprésente et des cadences infernales.
Jusqu’à la première moitié du XXe siècle il est considéré que les qualités de base d’une future mariée sont de savoir coudre ou de savoir réparer les vêtements de la famille. La leçon de couture revêt une importance considérable à l’école primaire, car l’époque souhaite initier les filles à leur « vocation » de ménagère et de mère, considérée comme essentielle. En 1836, l’ordonnance du 23 juin, inscrit les travaux à l’aiguille au nombre des matières à enseigner dans les écoles primaires de filles. La loi du 15 mars 1850, rend l’enseignement des travaux à l’aiguille obligatoire. En 1890, le décret du 29 janvier, assigne à la charge des communes, l’achat pour les écoles de filles, de l’étoffe nécessaire à l’enseignement de la couture.
Le métier se développe véritablement au XIXème siècle et au début du XXème siècle. La couturière confectionne alors toutes sortes de vêtements.
On trouve encore aujourd’hui des couturières, notamment dans les maisons de haute couture. Elles étaient soit « petite main », « cousette », on les appelait aussi « grisette, midinette » dans les ateliers de haute couture ou employée dans les usines de confection, ou encore « artisane » à son compte habillant sur mesure les bourgeoises. Si les maisons de haute couture ont survécu, il n’en va pas de même du prêt-à-porter, balayé par les délocalisations.
Autrefois considérée comme une tâche ménagère pour certaines femmes, pour ne pas dire une corvée parmi d’autres, la couture s’affirme aujourd’hui comme le loisir créatif à la mode voir plus. À l’heure où l’on parle local et durable, on les voit réapparaître dans de petits commerces ou sur les marchés.
Sources :
-
- www.histoire-genealogie.com/Profession-tailleur-d-habits
- www.geneanet.org/giselamet?
- www.wikipedia.org/wiki/Tailleur
- www.gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108876j/f26.item.r=tailleur d’habits »
- www.fr.geneawiki.com/wiki/Métiers_de_la_Couture
- www.le-temps-des-instituteurs.fr/ens-travaux-a-l27aiguille.html